jogleor n.m.
Formes : (an.fr.) jogleour, jougleur, jogelour, jugleeur, jogeler ; giculer, giogoler,
jougler, joculer ; (m.fr.) jugleor,
jogleor, jougleur ; (fr.mod.) jongleur
Étyml. : JOCULATOR , ORIS (latin) n.m. : rieur,
railleur, bon plaisant. (Gaffiot) ;
bouffon, jongleur (Blaise, Niermeyre)
Réf. : FEW V, 41b «
joculari » ; TL, V, 1705 ; Godfroy, IV, 660a « jougleor
» , « jougler » , X, 50c ; Huguet IV,
723a
Dér. : jogler, jongler v.i ; jonglerie
n.f. ;
I. Homme qui aime à plaisanter , qui est badin.
(13 siècle, Gdf ; Joufr) : Les fols
et culs qui sont trops sages et jugleeurs
tu fuyras. J. de Salisbury Policraticus,
Richel. 24287, f° 5d. ;
II. Musicien, ménéstrel , qui récitait et chantait
des vers et jouait de l’instrument comme vielle ou harpe, ambulant dans les
cours, les tournois, les villes (12-13 siècle, Gdf ) : Dunt il ert nez pas
ne saveit, De lui son juglëur feseit Estorie des Engles de Gaimar (v.1140) 166
; Faites cy venir les jugleurs, Qui ces gens cy esbaudiront : Plus liez seroont quant les
orront Miracle de l'evesque que
l'arcediacre murtrit (1341) ; Jougleurs, qui font [gens]
resjouir Et menestriers peut on ouyr Celle part corner a toute heure Chr. de Pizan, Le Livre de la Mutacion de Fortune, I, 150 (1400-1403) ;
III. Joueur de tours de passe-passe, bateleur qui
joue avec des boules, avec des cercles, des couteaux, etc. ; saltimbanque.
IV. Terme d’injure, débauché, ribaud, canaille :
V. Railleur, moqueur ; plaisantin (XIVe s.) : Car telz genz nous les appellon
jauglëeurs et ne dison pas que ilz soient desactrempés. Nicolas Oresme, Le Livre de Ethiques d'Aristote (c.1370)
VI. Comédien , acteur (XVIe s.) : [Domitien] feit occire
un jongleur nommé Elvidius, pour ce
qu’il avoit joué par personages le divorce de Paris et Oenone. Lemaire de
Belges, Ilustrations de Gaule, II ; En ceste maniere voyons nous entre
les jongleurs … le personaige du sot et du badin estre tous jours represente
par le plus petit et perfaict joueur de
leur compaignie. Rabelais, III, 37.
VI. Espèce de devin guérisseur ; sorcier chez les
mérindiens.
Le mot est issu du latin joculator,
dérivé de jocus « plaisanterie,
jeu sur les mots ; amusements » (→ jeu). Le mot joculator signifie
dans le latin classique « un homme qui aime à plaisanter ». Nous attestons
son premier emploi dans Epistulae ad
Atticum de Cicero, IV,16, 3. Selon Faral (Les Jongleurs en France, 1910, p. 2), c’est à partir du IXe siècle que les mots joculares ou joculatores appariassent
dans le latin des clercs comme synonyme de historio,
mimus, pantomimus, scenicus, thymelicus, etc. Il convient donc de placer à
peu près à cette époque les débuts des jongleurs et de faire commencer là leur
histoire. La plus ancienne attestation du mot jogleor dans le texte français se trouve, cité par TL,
dans l’Estoire des Engleis, chronique
en vers de Geffrei Gaimar, rédigée vers 1140.
La forme actuelle naaslisée
« jongleur » est due à un croisement avec l’ancien substantif jangleor, signifiant « bavard,
hâbleur, médisant », dérivé de l’ancien verbe d’origine francique jangler (v. FEW XVI, 280b «*jangalôn » ).
Voir : menestrel ; vieleor ;
conteor ; harpeor ; troveor ; lecheor, etc. Pendant le Moyen Âge, le jongleur était un
synonyme de ménestrel, celui qui
jouait de l’instrument muscial, surtout de la vieille, récitait ou chantait des
vers dans les cours seigneuriales ou les villes.
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